mardi 15 juillet 2008

PIEN LANG - QIAN YANG lundi 14 juillet

Liberté, Egalité, Fraternité La devise de la République Française

Une journée difficile et superbe !

Tout avait bien commencé. Quelques minutes avant le départ, évocation simple et pédagogique du mot Liberté, par Jean-François, à l’occasion de notre fête nationale, ponctuée par une Marseillaise chantée à l’unisson. Ensuite la route a enchaînée les péripéties, cols inattendus, piste encore moins attendue, et indications kilométriques transmises par le responsable Chinois, complètement fantaisistes. Il n’y a rien de plus agaçant pour un cyclotouriste de ne pas savoir où il va, combien il doit faire et combien il lui reste de Km à parcourir. En réalité cette étape n’avait jamais été reconnue, au point que la ville étape a été changée à la dernière minute, et est devenue la pose du repas de midi. Certains souhaitaient proposer un carton "jaune" à nos encadrants Chinois. Heureusement, cet "énervement" a été compensé par un paysage et la vision d’un type de vie très nouveau pour nous. Nous sommes en pleine terre musulmane, (135 millions de musulmans recensés en Chine) dans une région autonome (il y en a cinq dans le pays) qui s’ouvre à l’étranger depuis très peu de temps. Ici encore l’étonnement est partout. Notre invité relate d’ailleurs très bien cette journée, ce qui me permet de la laisser s’exprimer. Malgré les aléas du quotidien, la robustesse de notre groupe vient du fait que tout le monde a compris que notre force résultait d’être ensemble.

Notre témoin du jour est : Paule Peretti de l’amical cyclos d’Orcet dans le Puy-de-Dôme
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Partis à 7h30 sous un ciel menaçant, après avoir chanté la Marseillaise, 14 juillet oblige. Nous avons longé une route bordée de cultures d’un côté (maïs) et de l’autre une gigantesque centrale électrique au charbon d’où sortait la vapeur d’eau par quatre cheminées géantes. C’était très roulant jusqu’au moment où nous avons tourné à droite, et grimpé notre première bosse assez sévère, nous avons monté 200m en quelques km. Après avoir quitté la ville nous retrouvons une campagne bordée de maisons en briques avec une mosquée et croisons des paysans musulmans avec leur coiffe blanche pour les hommes et une petite toque pour quelques femmes. La montagne de chaque côté est couverte de feuillus. Puis la route devient de plus en plus mauvaise, nous dansons la carmagnole sur les trous, les ornières et dans la boue, cela pendant vingt kilomètres. Dans le creux de la montagne des maisons troglodytes, dans l’une d’elle une femme fait des pâtes, son habitation consiste en deux pièces, une cuisine et une chambre, plus loin une maison abandonnée où se trouve un lit et un âtre en briques sous le lit pour chauffer. C’est une autre Chine que nous découvrons : après les grandes villes qui évoluent très vite, des bâtiments neufs, des autoroutes, des pistes cyclables géantes, nous nous trouvons dans la Chine profonde. Les campagnes évoluent toujours lentement dans n’importe quel pays du monde. La population est curieuse mais réservée à notre encontre, car il semble que peu d’Européens viennent dans cette contrée. Après un rassemblement nous nous retrouvons dans un village avec un grand chantier en construction et une exploitation de charbon, plus loin une exploitation de poterie. Au sortir de ces zones industrielles nous avons dû franchir un tunnel routier de plus de 2 km. Le plan sécurité C/123, ayant été appliqué à la lettre, nous n’avons eu aucun problème. Pour le second tunnel, plus court (500 mètres) nous nous sommes débrouillés seuls, et cela a été plus fun.
Nous déjeunons dans une petite auberge et continuons notre petit bonhomme de chemin. Nous repartons et en milieu de parcours nous passons devant un collège où des centaines d’enfants nous interpellent et nous applaudissent, cela nous fait chaud au cœur.
14 juillet, liberté, égalité, fraternité. La Chine pays frère, pays où je me sens bien, toutefois cette étape a été difficile, 150 km au lieu de 120, la pluie, des bosses, une piste comme route mais j’ai eu une autre approche de la Chine :

Qiu Ying : La Montée au pavillon de l’Epée

"En haut, le Soleil sur son char s’en retourne vers les sommets ;
En bas, les flots s’engouffrent dans le fleuve sinueux.
(Même) les grues en vol ne parviendraient pas à surmonter (cette passe) ;
Les singes (de nature si habiles) s’inquiéteraient pour traverser les eaux en se tenant par la main.

A Qingni, que de méandres !
Tous les cent pas neuf virages s’enroulent sur les pics escarpés.
(Les exilés) se hissent vers les astres, gorge béante ils ouvrent leurs poumons ;
(Les voyageurs) s’assoient, en se tenant la poitrine ils soupirent longuement.
Je vous demande, quand reviendrons-nous de ce voyage oriental ?
Je crains un chemin trop abrupt pour le gravir (…) »
Li Bo, De la Difficulté du chemin vers Shu"

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