Distance : 63 Km Dénivelé : 249 m
Départ : 7H 30 Arrivée : 12 h00
Belle étape, bivouac sordide
Il y a des jours comme cela, l’étape semble une formalité sur le papier et puis un problème imprévu vient perturber notre quiétude. Parti ce matin avec le vent dans le dos, par une température de 21°, nous arrivons à midi, heureux de trouver notre bivouac. Patatras, le bivouac en question se trouve dans le chantier d’un futur stade. Le gymnase qui nous est dévolu est promis à la destruction et de ce fait, ne possède ni eau, ni électricité. De la poussière, des gravats, un environnement assez sordide. De plus, un pique-nique chinois des plus simples, pourrait briser un moral de cyclos non aguerris, ce n’est pas le cas. Après un moment d’hésitation et de mauvaise humeur, nous nous organisons, donnons un coup de balai, installons les douches, mettons en place le groupe électrogène, construisons une tente pour abriter les latrines, sortons lits et duvets et donnons à notre décor un aspect plus humain et acceptable. Ce soir notre équipe cuisine mettra « les petits plats dans les grands » Ce « mauvais moment » vite oublié, permet de constater, une fois de plus la cohésion quasi-totale de notre groupe.
Notre témoin du jour est : Gérard Muller du club de l Association Sportive d’électricité de Strasbourg dans le Bas-Rhin (67)
Il faut rappeler que Gérard est non voyant et qu’il réalise la parcours en tandem, avec Michel Cabart son pilote. « Le tandem dans le peloton a une position particulière. Avant de partir, je ne pensais pas avoir le même pilote pendant 13 000 km, surtout pour le soulager. Dans la réalité, Michel est le seul qui m’a conduit car tous les deux, nous y trouvons tous les jours notre plaisir. Lui est plutôt cyclotouriste, moi par tempérament je souhaiterai de temps en temps « jouer avec les gros bras ». Grâce à lui, j’ai vraiment découvert, non seulement le cyclotourisme, mais aussi la solidarité entre cyclos. Dès le départ, chacun de nous pédalant avec et pour l’autre, nous avons trouvé un rythme commun qui nous satisfait pleinement. Notre relation est équilibrée et nous pédalons vraiment en osmose, Nous roulons toujours en queue de peloton, car nous avons besoin d’espace, pour être libre dans nos mouvements. Plus j’avance dans ce périple, plus le tourisme, les rencontres, les « à côtés » du vélo prennent de l’importance. Alors que le premier mois nous étions presque seuls, désormais autour de nous s’est formé un groupe. Nous profitons au mieux de la vie collective empreinte de convivialité et d’amitié.Les informations du déroulement de Paris Pékin à Vélo 2008 sont apportées à une liste de destinataires fournie par les participants. Ces informations strictement associatives peuvent être rediffusées dans le même esprit d'information. Il est strictement interdit d'utiliser ces données à des fins autres que celui spécifié par le cadre de la Loi de 1901 , dite : loi associative.
Personne dans le groupe ne connaît le monde de la cécité, mon militantisme actif, me pousse à donner une certaine image de celle-ci, bien loin des stéréotypes traditionnels. Je dis souvent : Il vaut mieux faire envie que pitié. Dans la vie du groupe et dans les différentes activités quotidiennes, j’essaye d’avoir toujours le plus d’autonomie possible. Comme dans ma vie sociale et familiale habituelle, je reste soucieux de mon look et de mon apparence, l’élégance n’étant pas incompatible avec la cécité. Le regard de l’autre est important pour moi car la plupart des non voyants ont eux-mêmes une image négative de leur handicap. J’ai besoin, comme tout le monde d’être reconnu, non pas comme handicapé mais comme Gérard Muller, cyclotouriste. J’espère que ce séjour aura fait connaître la condition d’aveugle, et si les 115 participants pensent désormais que les non voyants sont des gens comme eux, je n’aurais vraiment pas perdu mon temps, en dehors naturellement d’avoir participé à une randonnée hors du commun, avec des relations humaines assez exceptionnelles. »
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